De mon hublot utérin je te salue humanité et te dis blablabla

Mustapha Benfodil / Mise en scène et dramaturgie Julie Kretzschmar / Collaboration Sharmila Naudou / Avec Elisabeth Moreau, Samir El Hakim, Najib Oudghiri, Thomas Gonzalez et Lucas Manganelli / Scénographie Claudine Bertomeu / Création sonore Nicolas Gerber / Lumières Camille Mauplot / Construction des décors Audrey Ruzafa


le son



À première écoute , on entend la langue de Mustapha Benfodil comme une logorrhée de sons exclamés provenant de l'intérieur d'une poche informe en perpétuelle secousse vers un ailleurs irrecevable. 

Une enveloppe sonore dans une double simultanéité - intérieur et extérieur de la poche. D'une part, figurer un lieu clos et concret où la parole serait possible et d'autre part inventer un hors-lieu interdit où l'origine des sons et leurs résonances n'auraient pas lieu d'être.  Afin de se rapprocher au mieux de ce double espace scénique, le dispositif sonore mêle organiquement des sons extra-diégétiques et des bruits roses modelés à des sons naturalistes - bruts voire inquiétants.

L'abstraction sonore est dissimulée dans un classicisme musical. L'aspect mythologique de la pièce est illustré par des nappes synthétiques sur une gamme de Mi Majeur.

Incruster le son dans la langue et le déplacement du danseur et des comédiens, dans un périmètre où le geste restreint est délimité par une frontalité et un lointain (visible et invisible, le fils Algérie et la mère Europe, la mer avec et sans e…) 

L'espace du théâtre et l'espace figuré. Jouer de l'amplitude des lieux : l'acoustique du lieu de représentation (réel) face à l'amplification des sons par des haut-parleurs spatialisés (spectacle). Passer de l'un à l'autre sans être dans une diffusion classique de Façade, suggérer des situations d'écoute inhumaines (dans l'eau, dans le corps…). Le son n'est pas projeté directement vers le public (sauf exception des voix), mais il participe à la fabrication du son dans le lieu de représentation, il fait l'expérience du son.

Du cinéma vers le théâtre : c'est l'arrangement et l'équilibre entre les sons et leur diffusion spatiale qui crée une ambiance à la fois réaliste et dramatique. Les voix sont reverbérées à l'intérieur de l'espace sonore et se détachent pour se placer vers le centre de l'image (voix off). La mère acoustique / les fils électriques : chaque Tarik (Tarik 1 / Tarik 2 / Proto-Tarik) est amplifié et a sa propre fréquence d'accompagnement (…350, 700, 875Hz), ces fréquences sont synchronisées à une fréquence-mère (525Hz), ils peuvent ainsi agir de manière autonome - et voyager dans l'espace - tout en étant reliés par intervalle à une fréquence d'origine concrète.

Les musiques de situation réelle : discothèque, bar et appartement (radio). Décaler - décontextualiser - le nostalgique algérien du texte vers un nostalgique du lieu de représentation afin de ne pas tomber dans une affirmation du style musicale (africanisme, exotisme, beauté…). Translation du raï en disco expérimentale, du chaâbi de El Anka en chanson allemande, la chanson de Marcel Khalifa à partir d'une poésie de Mahmoud Darwich en Moment musical de Schubert joué par Pablo Casals et "I'm still loving you"… Suivant le lieu, la musique change.

Échelle dramatique : peu à peu les mondes se mélangent car il ne s'agit plus de territoires mais de flux qu'on ne peut plus contrôler..  L'espace de la mer s'assèche pour devenir désert (les mouches, les pierres, le vent…)

N.Gerber

 

 
 

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