Silence : Bruit eng

Une performance ontologique et sonore en deux temps / Nicolas Gerber et Céline Boucher

Ce projet est lié à la rencontre de deux artistes sonores, l’un franco-suisse résidant à Marseille et l’autre québécoise. Ils s’accompagnent pour une longue déambulation urbaine, silencieuse entre eux, dédiée à l’écoute de la ville.

Marche d’une journée qui s’achève pour restituer cette expérience entre un artiste entendant et une artiste mal entendante. Ensemble ils imaginent comment partager cette collecte de sons, de bruits, de silences, entre eux et avec les spectateurs.

L’intérêt de ce projet pour le spectateur et pour les deux performeurs serait de constater la puissance de la mémoire du corps et des autres sens qui viennent à la rescousse de celui qui est défaillant. Il est pertinent également de s’interroger sur la transmission d’un son entendu par l’un et « vu » par l’autre. De l’autre côté, est-ce que les yeux entendent ce que les oreilles ne captent pas ? Où s’inscrit l’espace de la mémoire auditive ? Les bruits vibrants s’entendent-ils de la même manière sans lien avec l’ouïe ? Comment sont-ils différents lorsqu’ils sont entendus par deux sens ?

2008 : SIENCE:BRUIT Marseille, Bancs Publics, Rencontre à l'échelle #3

Céline Boucher remercie de son soutien le Conseil des Arts du Canada pour le projet d'art performance Silence : Bruit / Céline Boucher acknoweldge the support of Canada Council for the Arts for the art performance project Silence : Bruit.

une co-production Objet Direct, Céline Boucher, Nicolas Gerber, Les Bancs Publics et le Conseil des Arts du Canada

Remerciements Natacha Muslera et Tour de Bras / Eric Normand

2009 : SILENCE ET BRUIT CE QUI NOUS LIE LES UNS AUX AUTRES Espace d'art contemporain Forde, Genève Suisse.

Céline Boucher remercie de son soutien le Conseil des Arts du Canada pour le projet d'art performance Silence : Bruit / Céline Boucher acknoweldge the support of Canada Council for the Arts for the art performance project Silence : Bruit.

une co-production Objet Direct, Céline Boucher, Nicolas Gerber, Espace d'art contemporain Forde et le Conseil des Arts du Canada

Remerciements à Véronique Yersin et Madeleine Amsler

> Silence:Bruit - Conversations

>> http://silence-bruit

Silence : Bruit
Performance ontologique et sonore en deux temps
Concept : Céline Boucher et Nicolas Gerber
Durée : 8 h 10mn 6s + 1 h 7mn 6s / Création 2008 (Canada / France)

En avril 2008, Céline Boucher était en résidence de création au Can Serrat International Art Center près de Barcelone en Espagne suivi d'un séjour à Marseille pour participer à un laboratoire vocal avec Natacha Muslera, artiste de la voix. Son objectif de travail était de tenter la transformation de l'inaccessible vers une expression vocale unique. C'est pendant ce séjour que s'est développé ce projet de collaboration avec Nicolas Gerber. C'est lors d'un de leurs longs échanges que Nicolas m'a fait part d'une expérience qu'il avait réalisée. Pendant toute une longue journée, il a déambulé silencieusement dans une ville et accueilli les sons de la vie autour de lui. À la fin de son parcours, c'est par une intervention sonore qu'il a partagé son carnet de voyage. C'est alors qu'ils ont commencé à discuter sur ce qu'elle entendait dans une ville et ils trouvaient intéressant, pertinent et instructif de vivre ce projet à deux. Lui, l'artiste entendant et elle, l'artiste malentendante tous les deux sensibles aux bruits et aux sons et travaillant à partir de ce riche matériau.

C.B. : Ma démarche d'artiste se développe de diverses manières et s'articule en fonction des spécificités d'un projet. La pratique est plutôt pluridisciplinaire: installation, performance, exploration vocale, interaction et vidéo.

N.G. : Mon travail de compositeur s'articule autour de la transformation du son et de ses influences dans les domaines de l'art, l'économie et la philosophie.

C.B. : Toutefois, je travaille toujours avec les concepts du silence et du bruit que j'explore à partir d'expériences vécues et observées à travers la surdité. Cette situation personnelle permet de rendre visible et tangible, par la perception, la particularité d'un sens. Un travail du regard et de l'observation qui rend témoin de l'engagement de l'autre dans la communication. L'expérience du silence est un matériau servant à mettre en lumière des liens entre les humains entre eux et ensuite, leur environnement. Je développe donc des projets à partir d'une expérience personnelle avec le silence et le bruit.

N.G. : La particularité du son est la capacité de faire circuler simultanément du sens et du sensible dans l'expérience unique du temps et de l'espace. Il est à la fois une énergie concrète et abstraite. Si je peux me considérer comme artiste techniquement « entendant », je pense que les bruits sont des oscillations concrètes là où les silences pourraient être des vibrations plus intérieures ou plus intimes, liées à notre corps. Pour reprendre Georges Bataille, c'est peut-être ce rapport d'équilibre que nous cherchons, cet intervalle entre le monde intime se frottant au réel, le sujet à l'objet... Celà m'a beaucoup touché dans ton approche du son.

C.B. : J'utilise les installations bruitistes et les performances vocales pour partager l'effet et l'impact de la malentendance et amener les spectateurs à réévaluer leur relation avec les autres et le monde qui les entoure.

N.G. : C'est bien ce passage dont tu parles qui permet de raconter le présent dans toute sa mythologie. Le présent n'étant pas qu'un point mais un intervalle à l'intérieur d'un espace d'enregistrements, d'effacements et de sentiments. Ce Vas sonore est très complexe…

C.B. : Je m'aperçois que cette démarche entreprise par le biais d'un travail sonore rejoint les spectateurs dans des profondeurs qui n'ont plus rien à voir avec le vocal, le silence et le bruit.

Elle entendait un son, un son il n'entendait pas.

C.B. : Nous sommes dans un rapport de présence qui est au centre de l'improvisation et du lâcher prise.

N.G. : Présence, féminin de présent ? Je me méfie de ce mot trop théâtrale, la présence d'une chaise pour l'acteur ou d'un microphone pour le musicien, mais je comprends l'improvisation dans l'idée d'une extrème sensibilité à un moment et dans un lieu donnés.

C.B. : La présence dont je parle ici c'est l'entité et l'authenticité. Le féminin de présent est présente ce qui n'implique que le corps physique. Tu pourrais remplacer présence par authenticité. Je me dois d'être authentique dans une situation de présence pour être en mesure de transmettre et partager le vrai sinon je tombe dans un rapport de séduction et  de représentation. Je me place intentionnellement dans une situation de vulnérabilité.

N.G. : Nous sommes capteurs d'une situation.

Pour l'instant, Céline a tendance à vouloir vivre ce moment dans un silence total (sans prothèses auditives) afin de capter les sons grâce à ses autres sens. Elle trouve intéressant, de proposer cette idée de deux êtres déambulants côte à côte, et silencieusement, pendant une journée. L'échange se déroulerait en fin de parcours dans un espace où ils partageraient cette accumulation d'expériences par un échange sonore et vocal.

C.B. : Ne pas éprouver le besoin de me cacher me demande d'être celle que je suis, avec ma dissonance. Tout ce travail d'intériorité trouve son sens dans l'échange, la curiosité et l'accueil d'esprit ouvert.

N.G. : Ta dissonance est ma résonance et vice-versa, mais pour revenir au bruit un instant, je ne trouve pas l'équivalent en français mais en allemand il y a deux mots pour définir le bruit - Geräusche et Lärm - Geräusche serait le bruit que l'on entend et Lärm, du bruit que l'on sous-entend. Ce serait peut-être ça notre correspondance sonore.

L'intérêt de ce projet pour le spectateur, et pour les deux performeurs, serait possiblement de constater la puissance de la mémoire du corps et des autres sens qui viennent à la rescousse de celui qui est défaillant. Il est pertinent également de s'interroger sur la transmission d'un son entendu par l'un et «vu» par l'autre. De l'autre côté, est-ce que les yeux entendent ce que les oreilles ne captent pas ? Où s'inscrit l'espace de la mémoire auditive ? Est-ce les bruits vibrants s'entendent de la même manière sans lien avec l'ouïe? Comment sont-ils différents lorsqu'ils sont entendus par deux sens ?

C.B. : …Je pense effectivement que cette expérience demande d'être soutenue plus rigoureusement car, plus j'y pense plus je crois ça dépasse l'art pour rejoindre une réflexion sur l'humain. En tout cas, ce ne sera pas une expérience anodine.

N.G. : Pour moi c'est justement ça, l'art, et ce qui me plaît dans le métier d'artiste, cette possibilité de refléter une réalité humaine sans trop se brûler les ailes, les artistes ne sont ni des guerriers ni des clandestins… L'art est une frontière à imaginer et non une terre à défendre, la frontière est l'expérience de tout humain et là, je te rejoins.

Un texte de F.Kafka s'ajoute à la discussion : « L'art vole autour de la vérité, avec l'intention résolue de ne pas se brûler . Sa force consiste à trouver une place dans le silence, où un bruit pourrait apparaître avec puissance, sans avoir à l'entendre. »

CB : Il y a une chose que tu as saisis et qui justement me donne le goût de développer cette recherche en ta compagnie. Tu as immédiatement traversé l'idée de l'état de la sourde, pour atteindre celui de l'expérience. C'est ce que je tente de faire depuis plusieurs années avec ma pratique d'artiste. À mon tour de partager une phrase qui vient de Chen Zhen et que j'ai fais mienne : « Quand son propre corps devient une sorte de laboratoire, une source d'imagination et d'expérimentation, le processus de vie se transforme alors en art. »
Mai 2008

DESCRIPTION

Deux corps sont face au public pour partager leur expérience du son.

Ils ont parcouru la ville pendant 8 heures.
Ils ont écouter la ville en silence.

Ils sont sur scène pour la dernière heure…
Ils ont effacer, ils enregistrent…

Céline Boucher se questionne sur ce qu'elle entend et ce que nous entendons,
Nicolas Gerber se questionne sur ce qu'il n'entend pas et ce que nous n'entendons pas…

Cette performance touche à l'intimité du …- entendant face au monde obscur du silence. Nous pourrions parler de bienveillance à l'égard de l'in-sonore, un-son-or,
il s'agit de la valeur subjective de ce que nous entendons avec nos sens.

Dans ce principe, nous nous mettons dans une concentration telle qu'elle nous amène à ne plus entendre ce que nous devrions entendre.

Nous voulons comprendre, faire l'expérience de l'autre dans son expérience,
c'est encore la distance de l'un à l'autre qui crée l'audible, le silence devient bruit…
le rapporter au public, le ramener au monde de l'audible, le bruit devient signal…
Il fait sens. Est-ce de la musique ? Ces questions ne sont plus de ce monde…

Matérialisme fanatique et Illustration économique

L'authenticité du bruit est d'exister dans ce monde dépourvu de silence. Par pure fanatisme de la matière, l'illustration du silence est une économie de bruit.

Ontologie Sonore

L'existence des sons n'est garantie que lorsque l'on précise un contexte expérimental ( exemple : performance ) permettant de les percevoir.

Deux objets, un silence et un bruit sont intrinsèquement indiscernables l'un de l'autre, de sorte que l'on ne peut parler de l'objet 1 - bruit - ou de l'objet 2 - silence, mais d'un son composé des deux objets - bruit et silence.

La question de savoir pourquoi les bruits qui nous entourent ne ressemble pas à leur contrepartie silencieuse n'est pas encore complètement tranchée et fait partie des problèmes d'interprétation du son. Le monde est divisé en une partie macroscopique "bruit" et une partie microscopique "silence".

La Performance parallèle Bruit : Silence ( tître provisoire ), concue par les deux artistes, tente de remettre en question les concepts de propriété, séparabilité et individualité de la perception sonore.


The project is related to the meeting of two sound art performers. The project Silence/Noise. This urban ambulation dedicated to the listening of a city followed by a sound performance. The first has taken place in Marseilles, October 2008, during Les Rencontres à l’Échelle in cultural and experimental space Bancs publics. The second ambulation-performance was held in Geneva in contemporary art space Forde in May 2009.

In April 2008, Céline Boucher took part in a vocal laboratory at Bancs Publics in Marseilles. It is during her stay that a project of collaboration with the composer Nicolas Gerber started. It is during abstract exchanges that they started to discuss on their common interest towards the sounds of a city. They found interesting, relevant and instructive to try out a project together. Him, hearing and her deaf, all the two sensitive to the noises and the sounds and working with this rich material. Their project is a silent ambulation-performance in duet in the host city dedicated to the listening of sounds and ambient noise. This ambulation finishes in a room by a sound performance where they share the accumulation of visual and auditive experiments. By using as a starting point, the sonority of a city, the interest of this project - as for the audience as the two performers - is to check at the beginning, the memory of the body and the other senses which come to the rescue to the one that is failing. What is also interesting in this idea - and what gives it all its unicity - is the random side directly resulting from the heart that beats in the host city, during the day of the ambulation. They are interested to discover the sounds who identify and colour a city compared to another.

 

 

 
 

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