Gin Sekaï, un monde argenté /2010 post-production

Je pars au Japon dans les montagnes de Hokkaido pour marcher et filmer la neige, travailler le blanc, partir loin de chez moi - Marseille et les montagnes des Grisons en Suisse - pour voir si la neige est pareil, ailleurs? Avec ma caméra, je traverse la nature à l'intérieur d'espaces hors-écoumènes - pour soutirer l'humain de l'image, le paysage de l'éco-système, le flocon de son eau, reste le sel, la lumière (le son)… Je marche et parcours le pays, redescends dans l'intervalle des saisons jusqu'à Hiroshima où les choses vont peut-être changer..

De retour en France, je construis par le biais du montage, une étendue lumineuse sonore, un réseau pour mieux Voir Entendre apparaître, la part d'une nature polysémique contenue dans l'humain, comme si on pouvait les séparer l'un de l'autre (nature / humain) tout en les reconnaissant dans, comme simultanéité… Celà m'amène au langage, au paysage et au cinéma : mais existe par ce qui peut suivre. Peu à peu je me détache du sujet initial, du lieu d'origine - du coup, la nature de cette première composition paraît violente, j'ai abandonné quelque part la forme sexangulaire du flocon. Une chose me trouble : une histoire, collective? Pendant le voyage du Japon et après mon passage par Hiroshima, je suis à Tottori pour aller sur les traces de La femme du sable de Teshigahara. Un soir après quelques sojus, j'enregistre dans l'iphone : In every human there's a nature, I'll fight for it (her) - dans chaque humain il y a une nature et je me battrais pour elle.

Le sel de cristal s'est introduit par le gros orteil (lithiase, goutte, maladie de la pierre) posé sur la terre où nous vivons, il s'est évaporé de la mer et tombe pour veiller à la survie de l'espèce. Il est remonté jusque dans le cerveau maintenant… La part maudite, la neige, le sel, le sable, le cristal, s'ajoutent les textes de recherche et en particulier ; Temps et simultanéité de Bergson, l'histoire de Pierre et Paul ou Pierre et Pôle devrais-je dire, le film commence et se termine à plusieurs reprises, il joue de simultanéités en dessinant des lignes vers un futur point de synchronisation. C'est sur le plan de l'eau surgissant comme un boulet de canon de la montagne qu'il devient réellement film - pallesthésie survivante, à jamais l'explosion atomique - 55 ans plus tard, je me retrouve là, dans la nature, aux abords d'une montagne près de Nikko, un grondement magnétique, un bruit apocalyptique pendant 45 secondes - touchant aux limites de la vie et comme par magie, de la pierre couchée dans le lit de la rivière, un souffle pour venir à notre mémoire… Le film s'enfouit. Et pour finir, dans le son Gin Sekaï j'entends une clochette gazouillante, dans le son Monde argenté, j'entends une nature inquiétante, effroyable, puissante, affreuse, hostile…
Voilà sans aucun doute une expérience de l'image et du son où il est question d'intervalles, d'interruptions et de retards.« S'insinuer dans la nature sans presque rien déranger, s!initier à ses mystères par une espèce de connivence, l'amener à se trahir. » Paul Claudel

et le soutien de la Région Provence Alpes Cote d'Azur, en partenariat avec le CNC

les personnages : DIEU & NEIGE, FICTION, IMAGE & SON + les 6 personnages de WOOLFE : KEPLER, BERGSON, AUGUSTIN, ZEAMI, LENZ, YADOYA devant la baie vitrée en off.

RECHERCHES

Un essai, une épreuve dans, pour, avec, sur et sous exposer le désert et l'erheg bleutée (étendue de neige). S'agit-il d'une reconstitution? Une étude des horizons entiers et loin-tains, de nature presque humaine. La cohabitation dans un espace hors-écoumène, un lent et silencieux écoulement du temps. Il est parti marcher de l'autre côté du monde pour ramener des espaces presque blancs, troués, sans matières. Il n'a donc rien vu. Rassembler des éléments, avant la dispersion. Parcours équivoque, éprouver la prise-de-vue, super-ex-poser et accumuler dans un mouvement presque immobile. Voir comme le désert, oui, voir comme l'erheg bleutée, oui. Une décomposition de la réalité du monde? Une machine d'absorption muette, invite à venir combler in fine l'espace presque lisse - non lacunaire, un entassement qui renvoie au passé, le sable et la neige sont partout : dedans et dehors.

Tu n'as rien vu, rien

Incapable de saisir la chose, le cinéaste se laisse venir dans un cadre cinématographique. Il est né sous les bombardements et a grandit dans les ruines… Oui,
presque.

Disons que je voudrais un film qui joue de la simultanéité

Nature Humaine, la nature avant l'humaine, le son avant le sens…

Travailler LA NATURE. à l'intérieur d'espaces filmiques hors-écoumènes, comme si on avait soutirer l'humain de l'image, le paysage de l'éco-système, le flocon de son eau, reste le sel, la lumière (son)… (vider l'image de son sang, Wenders)… Construire une étendue lumineuse sonore, un réseau

pour

Voir Entendre apparaître le non-autre (signe de croix : au nom du non-autre, du non-autre et du non-autre, nicolas de cuès), la part d'une nature polysémique contenue dans l'humaine, comme si on pouvait les séparer l'une de l'autre (nature / humaine) tout en les reconnaissant dans, comme simultanéité… Cette nature est avant toute chose, elle préfigure le langage, le paysage, le cinéma… Mais n'existe que par ce qui suit.

La lumière!!!

L'humaine à considérer comme corps : cadre, canevas, scénario, langage : le conte (nous nous servons d'elle pour raconter l'Histoire) mais celle ci se détache peu à peu de son enveloppe, de son lieu d'origine, du coup la nature nous parait d'une violence extrême, nous l'avons abandonné quelque part… Nous avons peur de quelque chose… Notre histoire.

 
 

Tissages équivoques à partir de l'œuvre de Johannes Kepler, L'étrenne ou la neige sexangulaire (1610). Des montagnes du Japon au désert d'Algérie, par les minéraux de Marseille et d'Alger… Des horizons entiers et lointains.Des blancs hors-écoumènes, espaces de survie, écoulements de corps, étreintes silencieuses, l'élan tempestif et anti-expressioniste d'un homme à la recherche du réseau cristallin – Lenz (Georg Büchner). A travers l’observation des structures hexagonales du flocon de neige et des minéraux, dans des espaces d’éclatement ou d’opacité extrêmes ; il s’agirait de recréer un monde où l’être humain vivrait par de salves de mouvements immobiles – une flèche n’atteindra jamais sa cible (Zénon d’Élée). Trouble de la forme et de la vision, la réalité se fusionne à la fiction, une disproportion ; 6 personnages, dans un salon, devant une baie vitrée, qui donne sur la mer, se concertent pour dénoncer la pensée honnête – Les vagues (Virginia Woolfe). Judith décapite Holophern. Un angle, une prise, une vue, l’isolement des signes - à quoi ça peut servir ? L’arrangement c’est l’histoire, la fiction c’est le cinéma, le cinéma c’est, sait, ça sert et encore ça dit : toujours faire ce qu’on ne doit pas faire…

« Dis-toi que nous n’en finissons pas de naître mais que les mots, en eux, ont fini de mourir. » Samuel Wood

La génération se produit lorsque l’humide l’emporte sur le sec par une domination d’une chaleur hors du vivant auprès d’une chaleur dans le vivant. A.


: Contre le mouvement !
: Occupation maximale de l’espace !
: …
: Adeo natura non est ociosa
: Le mo uve ment est l’immobilité de l’écriture
: Qu’est qu’une superposition ?
: Les abeilles ne se soucient pas de la nature, ni pour sa génération ni pour sa corruption, elles ne reconnaissent que ce qu’il leur est utile, notamment que l’hexagone est plus grand que le carré et le triangle, et que, si la même quantité de matière est dépensée pour la construction de chacune de ces figures, c’est l’hexagone qui pourra contenir le plus de miel.
: 2 opposés pour exciter notre admiration
: Le désert…
: La neige…
: Les vagues.
: Un horizon entier et lointain
: Un point
: Une vague, une onde, une eau
: un plus un égal cinq
: en vain
: Le soleil ne s’était pas encore levé, voilà.

eau de neige ©2010 n.g.(étrenne de c.g. à son frère n.g.)

Les montagnes du Japon, le désert de l’Algérie et Marseille en tant qu’horizon humain minéral, voilà le cadre, le champ de vision. Ces horizons entiers et lointains sont raccordés dans ce réseau à travers la fiction et l’apparition de personnages invisibles - ou presque.

Un minimum de plans, de mouvements, d’angles et de vues pour un maximum d’espace ! Un minimum de son direct. L’accumulation tel un écoulement lent et silencieux, il se fait dans un temps presque immobile, voilà un terrain de réflexion qui m’incite à travailler sur ce projet insaisissable.

La structure du flocon de neige laisse apparaître des failles entre chacune des six branches de cristaux, ces failles, reliées au noyau central, sont des empreintes de rupture dans la structure hexagonale à l’état solide. Ces failles sont encore des couloirs d’entrée et de sortie permettant aux ondes de circuler à l’intérieur du réseau cristallin, si bien que le noyau possèderait deux états parallèles, celle de noyau dur – aimantation des branches de cristaux et celle de noyau tendre – les ondes provenant de l’extérieur impliquerait une certaine souplesse du noyau car celui ci est excité accidentellement par des forces extérieures, provenant à priori d’une dilatation d’un autre noyau tendre qui se trouverait un peu plus loin, dans le réseau cristallin.

Les vagues : Séparer l’eau de la mer.

Documentaire, fiction, poésie et film pseudo-scientifique. Je conçois le cinéma comme une antichambre paraphonique entre le réel et le figuré – un dispositif constitué d’un hors-champs réel (documentaire), d’une vision, d’une écriture (celles du cinéaste) et d’un lieu d’affichage, lieu inventé pour la fiction. Ce lieu serait encore un grand tableau noir universel où le blanc serait plaqué sans trouer l’écran…

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avec le soutien de la Région Provence Alpes Cote d'Azur, en partenariat avec le CNC


Gin Sekaï, a silver world

Weavings ambiguities starting from the work of Johannes Kepler, New Year's gift or the sexangular snow (1610). From the mountains of Japan to the desert of Algeria, the minerals of Marseilles and Algiers… Whole and remote horizons. White out-ecumenes, spaces of survival, flows of body, quiet pressures, the tempestif and anti-expressionist dash of a man in the research of the crystal lattice - Lenz (Georg Büchner). Through the observation of the hexagonal structures of the mineral and the snowflake, in spaces of bursting or extreme opacity; it would be a question of recreating a world where the human being would live by motionless salvos of movements - an arrow will never reach its target (Zeno of Elea). Disorder of the form and the vision, reality is amalgamated with the fiction, a disproportion; 6 characters, in a living room, in front of a window, on the sea-front, act in concert to denounce the honest thought - the waves (Virginia Woolfe). Judith decapitates Holophern. An angle, a shot, a sight, the insulation of the signs - for what can that be used? Arrangement is the history, the fiction it is the cinema, the cinema is, knows, that still serves and that known as: to always do what one should not do…

“Think that we're never finish being born but that words, they already finished dying.” Samuel Wood

The generation occurs when the wet overrides dryness by a domination of a heat out of the alive near a heat in the alive. A.

: Against the movement! : Maximum occupation of space! : … : Adeo will natura not is ociosa : Mo ve ment is the immobility of the writing : What is a superposition? : The bees worry about nature, neither for its generation nor for its corruption, they recognize only what it is useful for them, in particular that the hexagon is larger than the square and the triangle, and than, if the same quantity of matter is spent for the construction of each one of these figures, it is the hexagon which will be able to contain the most honey. : 2 opposites to excite our admiration : The desert… : Snow… : Waves. : A whole and remote horizon : A point : A wave, a wave, a water : one and one equal five : in vain : The sun had not risen yet, here. water of snow

Mountains of Japan, the desert of Algeria and Marseilles as a mineral human horizon, here is the framework, the field of view. These whole and remote horizons are connected in this network through the fiction and the appearance of invisible characters - or almost. A minimum of images, movements, angles and sights for a maximum of space! A minimum of direct sound. Accumulation, a such slow and quiet flow, it is done in an almost motionless time, here is a ground of reflexion which encourages me to work on this imperceptible project. The structure of the snowflake lets appear slits/faults between each of the six crystal branches, these faults, connected to the core, are prints of rupture in the hexagonal structure in a solid state. These faults are still corridors of entry and exit making it possible the waves to circulate inside the crystal lattice, so that the core would have two parallel states, that of hard core - magnetization of the crystal branches and that of tender core - the waves coming from outside would imply a certain flexibility of the core because that is accidentally excited by external forces, coming eventually from a dilation of another tender core which would be a little further, in the crystal lattice.

Waves: To separate water from sea.

Documentary, fiction, poetry and film pseudo-scientist. I compose the cinema like a paraphonic anteroom between reality and the figurate - a device made up of out-fields reality (documentary), of a vision, a writing (those of the cinematographer) and a place of posting, place invented for the fiction. This place would be a large universal black board where the white would be plated without perforating the screen…

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with the support of the Région Provence Alpes Cote d'Azur, in partnership with the CNC

 

hexacord ©2010 n.g.

 

 

 
 

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Gin Sekaï, un monde argenté

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