Au départ une œuvre économique de 67 parties en 17 épisodes d'une durée fixée à 9 heures 17 minutes et 12 secondes, à partir de La part maudite de Georges Bataille ; l'intention de filmer la part de dépense du corps au travail, la contre-valeur subjective ou déplacée, empruntée à l'économie par le terme d'expression du désir éprouvée dans la forme productive ; de se retrouver avec le travailleur dans l'intervalle insaissable de sa dépense, de ce qu'il me donne à voir au-delà de ce qu'il produit. Cette dépense sollicite, dans le processus du travail, un déplacement par rapport à la production, son évocation est possible par l'expérience critique et sensible de celui qui désire en témoigner mais elle est aussi révélée dans la mise en jeu induite par le corps-travailleur, le filmé et le corps-témoin, le filmeur. Il s'agissait pour celà de créer des calques à partir de la représentation du travail au quotidien - dans l'espace réel – mais aussi celle du travail de l'artiste dans l'acte de performance, les juxtaposer l'une à l'autre pour dessiner un itinéraire subjectif. Cette expérience passait par la Corée du Sud (De Hors), le Japon (Gin Sekaï), l'Europe, l'Algérie (Tu n'as rien vu, preque), les États-Unis et la Suisse… Guidée par le son, par attractions sonores, se servant des principes de la composition musicale ; par désir de complicité avec l'homme qui se donne à une tâche particulière ou singulière. Bref, j'étais supposé faire un travail sur le travail humain en général – une Efforme (un effort sur la forme ou forme de l'effort du travailleur). Dans une première partie, des recherches abstraites et théoriques autour du travail à partir d'observations et d'expérimentations, à lire dans l'ordre ou dans le désordre ; une deuxième partie plus personnelle, dans la troisième, la question du travail avec des intentions pratiques de fabrication, des dispositifs vidéographiques sous forme d'ébauches scénaristiques. Ce travail était à considérer comme paralipomène documentaire servant de cadre à l'expérimentation, dans un but de production de la forme concrète – documentaire, et contrairement à l'abstraction du concept, sa forme de représentation était probablement justifiée si le concept fût appliqué dans les limites des moyens humains et matériels de ce monde.
Puis je pars au Japon dans les montagnes de Hokkaido pour marcher et filmer la neige, travailler le blanc, partir loin de chez moi - Marseille et les montagnes des Grisons en Suisse - pour voir si la neige est pareil, ailleurs? Avec ma caméra, je traverse la nature à l'intérieur d'espaces hors-écoumènes - pour soutirer l'humain de l'image, le paysage de l'éco-système, le flocon de son eau, reste le sel, la lumière (le son)… Je marche et parcours le pays, redescends dans l'intervalle des saisons jusqu'à Hiroshima où les choses vont peut-être changer..
De retour en France, je construis par le biais du montage, une étendue lumineuse sonore, un réseau pour mieux Voir Entendre apparaître, la part d'une nature polysémique contenue dans l'humain, comme si on pouvait les séparer l'un de l'autre (nature / humain) tout en les reconnaissant dans, comme simultanéité… Celà m'amène au langage, au paysage et au cinéma : mais existe par ce qui peut suivre. Peu à peu je me détache du sujet initial, du lieu d'origine - du coup, la nature de cette première composition paraît violente, j'ai abandonné quelque part la forme sexangulaire du flocon. Une chose me trouble : une histoire, collective? Pendant le voyage du Japon et après mon passage par Hiroshima, je suis à Tottori pour aller sur les traces de La femme du sable de Teshigahara. Un soir après quelques sojus, j'enregistre dans l'iphone : In every human there's a nature, I'll fight for it (her) - dans chaque humain il y a une nature et je me battrais pour elle.
Le sel de cristal s'est introduit par le gros orteil (lithiase, goutte, maladie de la pierre) posé sur la terre où nous vivons, il s'est évaporé de la mer et tombe pour veiller à la survie de l'espèce. Il est remonté jusque dans le cerveau maintenant… La part maudite, la neige, le sel, le sable, le cristal, s'ajoutent les textes de recherche et en particulier ; Temps et simultanéité de Bergson, l'histoire de Pierre et Paul ou Pierre et Pôle devrais-je dire, le film commence et se termine à plusieurs reprises, il joue de simultanéités en dessinant des lignes vers un futur point de synchronisation. C'est sur le plan de l'eau surgissant comme un boulet de canon de la montagne qu'il devient réellement film - pallesthésie survivante, à jamais l'explosion atomique - 55 ans plus tard, je me retrouve là, dans la nature, aux abords d'une montagne près de Nikko, un grondement magnétique, un bruit apocalyptique pendant 45 secondes - touchant aux limites de la vie et comme par magie, de la pierre couchée dans le lit de la rivière, un souffle pour venir à notre mémoire… Le film s'enfouit. Et pour finir, dans le son Gin Sekaï j'entends une clochette gazouillante, dans le son Monde argenté, j'entends une nature inquiétante, effroyable, puissante, affreuse, hostile…
Voilà sans aucun doute une expérience de l'image et du son où il est question d'intervalles, d'interruptions et de retards.
Before everything it was the idea of making a portrait of Marseilles where I live, but at start it's a work on economy or precisely after Georges Bataille's Cursed Share, where I had the intention to film the process of spending in the work, to share with the worker the imperceptible interval of waste, what he could share with me with the difference of what he gives to production. Then I go in the mountains of Hokkaido in Japan to walk and film the snow, rather the White form, go far away from home (Marseilles and originally the Swiss Alps) - I wanted to know if snow look different? With my camera I work the nature form inside non-anthropic landscapes - to empty human out of picture, landscape out of eco-symbol, flake from water : salt, light, sound. I cross the country and go down thru the interval of seasons till Hiroshima where maybe things start to change.
Back to europe, I work on editing to build a continuous area of light and oscillation, a network to help me see listen better to let things appear., recognize nature and human as simultaneous twins… That brings me to language (human), landscape and cinema. But here's the rest. More and more I leave the initial subject, the original plot, the nature of first composition seems quite violent to me, I abandomn the sexangular form, something is troubling me, maybe our - collective - Memory. During the Japan trip and after my stay in Hiroshima, I'm in Tottori walking after the traces of Teshigahara's film woman of the sand, one night after Sojù, I record in my iPhone : In every human there's a nature, I'll fight for it (her).
The Salt got into the big toe (lithiasis, stone stone disease…) that steps on the ground where we live, it comes from the sky and falls - watching the survey of beings - watching life. It goes up to the brain now. The cursed share, snow, salt, sand, crystal and other infrabiological networks, all references added during researches such as Time and Simultaneity by Bergson in particular, the story of Pierre (stone) and Paul (polarity), The film starts and stops at several times, working on simultaneous drawings towards a synchronicity. The film really exists in the sequence where water runs down like a bomb, pallestesic memory : atomic boom - 55 years later, I'm there, in nature, near a mountain in Nikko, a magnetic …, apocalyptic noise during 45 seconds - touching limits of life and by magic a breath is to be heard coming from the stone laying deep down the river, is coming to our ear to rememorize. By eschatological means, the film nears the end. Finally I would say, in the sound Gin Sekaï I hear the …, in the sound silver world I hear a threatening, powerful, … awful and hostile nature.
It's an experience of image and sound playing with intervals, interruptions and delays.