?? DE HORS ( english title : of out ) video couleur stéréo 61:50 - 2008
avec Mushimaru Fujieda, Tei Kobayashi, Kim Baeki, Mark, Sung-Baeg, Lee Solje, O Young Jeong, Yang Qing, Gim Jihee, Eseohe Arhebamen, Auseklik Usins, Jorge Hidalgo, Risa Takita, Gim Gwang Cheol, Shim Hong-Jae, A Young, Young-Ho Jo, Frits Olsen, Sato Yukie, Lee Han Joo, Emmanuelle Gibello, Nicolas Gerber, Chumki - Kim, Bae Soo Young, Youg-il Kwon, Yumi pour la lecture de l'Érotisme de Georges Bataille et beaucoup d'autres...
Remerciements à Hye Ryon Park, Eric Demay, Moon Jae-Seon, K.O.P.A.S., International Performance Art in Busan, Agit Pusan, Gallery 7436, Agit Punkt
produit et réalisé par Nicolas Gerber / Objet Direct
Synopsis
En aout 2008, je suis invité à participer à un festival d'art performance à Séoul et à Busan en Corée du Sud, je filme les performeurs ainsi que des travailleurs au quotidien, je fais lire des passages de l'Érotisme de Georges Bataille à une coréenne, je ne comprends pas la langue, avec ma caméra je filme le « de hors »...
L'ouverture du film de 4 minutes 40 secondes représente un corps qui performe, l'homme tient, le bras tendu, un aquarium en verre rond rempli d'eau, l'eau vibre alors que l'homme est immobile, une tension...
De : du corps vers le mouvement vers la performance, la caméra suit le mouvement du corps, elle regarde ce que je ne vois peut-être pas, du corps travailleur. Je sais que dans mon travail il est question d'errance et de travail, de perte et de dépense, de l'excédant. Je filme de mon intérieur, l'extérieur que je ne comprends pas, la langue, et puis je me laisse guidé par le son, mes sens - caméra-perception.
À partir du « de » de l'hors, c'est de ce point de vue que je me place, stylo comme caméra, parcours sensuels désirant le dehors, l'érotisme de chaque élément, hors de ma vue, ce qui excède du moment quelconque des corps au travail, les ouviers, le barman, les poissonières, la lectrice, le gréviste, les étudiants, les musiciens,
les restaurateurs, traversé par différents lieux, par une attraction sonore...
Souvent la caméra est posée à côté du filmeur, à la fois extérieure à lui comme regard ami, un dédoublement autonome au regard du filmeur, la caméra comme machine enregistrante l'hors - plan fixe - je la met dans des endroits optus au ras du sol, dans des positions impossibles au corps comme par exemple la consigne, au ras du bar, point de vue hors d'atteinte pour l'homme, au ras d'une route, au ras d'un trottoir...
Hors-propos : la performance en art semble à priori hors propos, décontextualisée, quant à la réalité de la vie des travailleurs, semble être des actes plus ou moins abstraits, qui se déroulent parallèlement à la vie active. Le monde du travail semble
lui aussi hors-propos au regard de la vie, non pas absurde, mais comme si celui qui s'attelait à sa tâche quotidienne, sa vie économique et sociale, au fil du temps - le gréviste semble être un performeur et le performeur un agent de la circulation - au fur et à mesure le regard se transforme, nous finissons par percevoir chacun
des gestes précis, liés au monde du travail, comme un état d'être performeur.
Un plaisir de ce qui est hors de moi, sans chercher à comprendre, mais se laisser guider, happer par la charge érotique de la vie, d'une langue, d'une voix, des corps au travail et à cette question de qui sont-ils, revient la question de quoi sommes nous. Le corps nus des performeurs envoient à l'origine de quoi sommes nous fait, la caméra serait cet outil qui me permettrait de me ressentir dans une ville inconnue avec des gens inconnus, une langue inconnue.
Hors contexte : pour aller au dehors il faut franchir quelque chose, ces murs que longe la caméra - cachant les travaux de la ville - permet de s'exclure et donc dans un même mouvement de franchir, de dépasser ce qui apparaîtrait éxotique, pour y chercher une sorte de ressemblance, pour aller dehors il faut l'action d'un bond, le fantasme de dépasser le visible de hors, se mettre soi-même en périphérie et pourtant il y a comme un lieu-lien intime entre le de et le hors, envisagé comme un couple.
Le « de hors » serait donc l'érotisme et la mort, la tradition et la soumission, le rapport de perte de l'image, le montage, le flash-back, des parcours sonores, multiples, anarchiques, instinct de mort de l'image, l'instants, l'oiseau, le papillon.
La chanteuse coréenne dit « quand il n'y a pas de printemps il n'y a pas d'amour, si il n'y a pas de femme, pas d'amour ». L'île des pierres, du vent et des femmes... Pour citer Georges Bataille, le « de hors » serait un chemin vers la mort passant par l'érostisme.
Ce projet est initié en aout 2008, lors d'un séjour en Corée du Sud où je suis invité à participer à un festival d'art expérimental ( K.E.A.F.) dirigé par Monsieur Kim Baek Ki, directeur artistique d'une organisation coréenne d'art performance (K.O.P.A.S.) située à Séoul et au Festival International d'Art Performance à Busan. J'élabore sur place une écriture personnelle mêlant à la fois la performance, la vidéo et le son. Mon but consistait à collecter des éléments dans la ville et de les mettre en liens dans pendant le temps d'une performance, une sorte d'improvisation à partir d'images et de sons mémorisés par le corps. À partir de là, je parcours pendant 3 semaines, 3 lieux : Séoul, Busan et Cheju Island, une île située quelque part au sud-ouest des côtes coréennes entre la Chine, et le Japon. Dans les deux grandes villes, je filme les artistes participant au festival et les gens dans la vie quotidienne. Dans l'île, je filme la nature.
De ces images ramenées en France, apparait en novembre 2008 une forme vidéographique : DE HORS, dans ce travail il s'agit tout d'abord de traduire des perceptions sonores en procédé documentaire, une réflexion autour de l'intervalle possible entre le son et l'image enregistrés ; la propriété immatérielle du son comme énergie à la fois concrète et abstraite, donne à voir l'empreinte de l'expérience , celle- çi vouée à sa disparition - le son comme image de l'absence et présence d'un mouvement .
L'art performance, tout comme filmer/enregister des sons et des images, est un état absolu de concentration et d'improvisation, un état de sensibilité excessive à un moment et dans un endroit donné, mais cette forme est aussi, tout comme un film, un objet de visions faisant partie de l'art. C'est dans cet intervalle trouble entre l'expérience et la forme que je me place pour fabriquer, pour être à la fois contre et avec le monde qui m'entoure.
Ce film partage cette double expérience, entre l'art et le réel, une idée d'ouverture que Georges Bataille traduit par « la pratique de la joie devant la mort », mais il ne suffit pas de filmer ou de faire l'acquisition d'informations, il s'agit de répondre de manière concrète à la matière qui m'entoure et c'est dans l'espace du montage vidéo que je trouve cette juste distance entre ce qui est et ce qui est ici et ailleurs, dehors, de hors... La Corée du Sud est mon objet et sujet de l'expérience, c'est à dire que je ne prétend pas être documentariste du réel mais de me soucier de rapporter le document empirique d'une expérience dans un lieu et un temps donné, le document comme procédé concret d'une vision.