CONTEXTE :
Le titre de cette proposition de Performance, influencé par l’action culte de Joseph Beuys (I like America and America likes me), est la trame d’une action prévue pour un espace académique : école, université, et/ou institutions culturelles…

ACTION :
Dans l’enceinte d’une salle de cours, je me propose d’expérimenter un processus évolutif d’improvisation par le corps de tous les modes de déplacements physiques possibles : ramper, se trainer, glisser, marcher en avant et arrière, s’accroupir, rouler, marcher à quatre pattes, marcher à cloche pied, courir, sauter, chuter…
En position frontale face au tableau du « Maître », l’action débute d’une trajectoire linéaire, dessinée par un chemin de bâtonnets de craies. Entre mes doigts, je glisse des craies et simule un petit personnage, proche d’une marionnette ou d’un pantin militaire. Simultanément, par des « Eins ! Zwei ! Eins ! Zwei !... », j’accuse sa marche automatisée. Un jeu de déclinaisons de rythmes variables, plus ou moins rapides, plus ou moins denses, crée l’engrenage d’une montée en pression.
Pieds nus, je procède à divers marquages au sol de chiffres et de lettres, à l’aide de craies entre mes orteils. Je calcule les distances qui me séparent des éléments (tables, chaises, bureau). Je note le nombre des pas effectués jusqu’aux obstacles rencontrés. Par un exercice de mémorisation, j’effectue les trajectoires inverses les yeux fermés, ayant pour but de ramener chaque objet en même point. Devant le tableau, se définit un espace où vont s’amoncelés les éléments, aveuglément et de façon chaotique.
En position horizontale, allongée sur les tables ramenées, je dessine au tableau un piano, je commence à jouer du piano (avec mes pieds). Et suçant mon pouce, je me mets à pousser la chansonnette d’un même refrain tournant en boucle : « Une chanson douce que me chantait ma maman… En suçant mon pouce, je m’endormais doucement… ». D’une boucle infernale, je transforme l’air mélodieux de cette berceuse, en vulgarisation bruitiste au fur et à mesure que j’enfonce un peu plus mon pouce dans la bouche, jusqu’à m’en étouffer… Tandis que mes pieds battent la chamade de plus belle, et frappent avec violence le tableau dans une cadence disproportionnée qui s’accompagne de vociférations.
Une fois le paroxysme atteint, je saute de l’accumulation précaire des tables et bureaux. Puis, je cours, multipliant les allées et venues du chemin initial, dans le but de réduire en poussière les craies préalablement disposées.
Après quoi, je termine l’action en vidant un kilo de farine sur moi et le sol. Enfin j’écris en négatif dans la farine à l’envers (de droite à gauche) et toujours avec mes pieds :
I LIKE EDUCATION AND EDUCATION LIKES ME !
Mélodie Lastri DUCHESNE (photographies extraites d’une performance présentée en mai 2006, à « l’Universidad Politecnica de Valencia », Espagne, dans le cadre de « Escultura como Comportamiento », atelier Performatif de Bartolomé Ferrando
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